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Connaissez-vous vraiment toute l’histoire de la Bastille ? Acte 3

26 mai 2021
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Connaissez-vous vraiment toute l’histoire de la Bastille ?

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Vue aérienne du Fort de la Bastille – Crédit photo : Thierry CHENU ; ville de Grenoble

Une Fortification HAXO !

Le Fort de la Bastille, tel qu’on peut le découvrir aujourd’hui, a été édifié entre 1823 et 1848 par le Général Haxo, soit presque 100 ans après le passage de Vauban dans les Alpes. Les plans que Vauban avait réalisés à l’époque ont toutefois servis de base au Général Haxo qui les a améliorés.

Une position stratégique 

L’emplacement n’a pas été choisi au hasard, et répond à deux facteurs principaux : un emplacement géographique stratégique et un contexte historique et politique particulier.

Le massif de la Chartreuse, qui se termine par le Mont Rachais, s’avance comme une sorte d’éperon au-dessus de Grenoble. Une position stratégique pour tout ennemi qui voudrait s’emparer de la ville ! C’est d’ailleurs de cette manière qu’en 1590, Lesdiguières et ses hommes avaient contraint Grenoble à se rendre et avaient ensuite érigé une première fortification nommée « Bastille » en 1591.

L’artillerie a fait de gros progrès depuis Lesdiguières. Le rallongement de la portée de tir et l’accroissement de la capacité de destruction avec le passage des canons lisses aux canons rayés, et des boulets inertes aux obus explosifs, rendent l’ancienne fortification obsolète. Ce constat avait d’ailleurs été établi par Vauban lors de son passage à Grenoble en 1692.

Il devient donc urgent de protéger Grenoble, d’autant plus que la frontière entre le Dauphiné et le Duché de Savoie (italien), passe par le massif de la Chartreuse jusqu’en 1860. Un nouveau système de fortification est donc repensé.

Une technique inédite

En 1818, sous la direction du commandant Tournadre (chef du Génie à Grenoble), une équipe d’ingénieurs met au point un projet qui remonte à Paris, au Comité des Fortifications, le 20 juillet 1820. Ils utilisent le lever topographique de la colline effectué en 1816 par la nouvelle technique des courbes de niveau. Le perfectionnement des méthodes de représentation du relief facilita les difficiles calculs d’implantation et de défilement des ouvrages.

En 1822, le général du Génie François Nicolas Benoît Haxo, rapporteur du Comité, est chargé d’établir le plan définitif, qui ne recevra plus que des modifications de détails.

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Le général du Génie François Nicolas Benoît Haxo

Le dispositif de fortification de la Bastille reste remarquable par la perfection de sa construction

Une succession de casemates voûtées, de galeries de fusillades et de banquettes de tir. Les blocs de calcaire blanc ou gris, en grande partie extraits sur place, ont été taillés un par un et soigneusement appareillés pour offrir une résistance maximale et épouser parfaitement le relief.  De nouvelles casemates dites de type « Haxo » font leur apparition, car ouvertes sur l’arrière pour permettre l’évacuation des fumées provenant des tirs des canons.

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« Profils et détails des ouvrages 10 et 11 », Génie de Grenoble, 1830.

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« Plan, coupe et élévation du bâtiment de la Bastille branche gauche » Génie, Direction de Grenoble, 1830. Copyright Service Historique de l’armée de terre, Vincennes.

Ressources

« La Bastille de Grenoble et son téléphérique » Marc Fennolli et Béatrice Metenier, 2006
« La Bastille et les fortifications de Grenoble » Robert Bornecque, 1986
Collection du Génie, Direction de Grenoble 

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Sébastien Le Prestre, Marquis de Vauban
 Tableau attribué à une école de peinture du XVIIIe

Acte 2 – Ce n’est pas Vauban !

Le Fort de la Bastille, tel qu’on peut le découvrir aujourd’hui, a été édifié entre 1823 et 1848 par le Général Haxo, soit presque 100 ans après le passage de Vauban dans les Alpes. Les plans que Vauban avait réalisés à l’époque ont toutefois servis de base au Général Haxo qui les a améliorés.

Vauban, un passage éclair

Un siècle exactement après la réalisation des fortifications de Lesdiguières, en 1692, un rapport de Vauban propose l’amélioration des structures défensives de la Bastille. Son projet de réaménagement ne sera suivi que de façon très partielle et… sur la rive gauche de l’Isère.

Un constat sévère !

C’est à l’occasion de son passage en revue des Alpes en 1692 que Vauban, analyse les défenses de la ville de Grenoble avec sévérité :

Fort Bastille Grenoble Article… Le côté de la montagne est fermé par une enceinte de muraille… jusqu’au réduit appelé Bastille. Les murs en sont très faibles, bas et non terrassés, sans contrefort, ni fossé, ni escarpement au pied autres que ce que la nature y a fait… La Bastille n’est qu’un mauvais réduit ou plutôt colifichet, fermé… mais sans art ni raison et occupé par un vigneron qui en est gouverneur, du moins il en a les clefs, avec 12 vaches et 8 chèvres, une cavale et une bourrique pour toute garnison !Fort Bastille Grenoble Article

Son analyse de La branche fortifiée « Est », qui redescend vers la porte Saint-Laurent, est tout aussi dure. Seule la branche de fortification côté ouest, suit, selon lui, un tracé plus adapté à la nature du terrain jusqu’à la Porte de France.

Le projet de Vauban

Vauban donnera un projet d’ensemble pour la reprise des fortifications de la place de Grenoble. Pour la Bastille, il consiste à renforcer et réduire l’espace fortifié, en ramenant la branche est des remparts vers l’ouest. Mais son plan n’amènera que quelques terrassements et la construction dans la ville de deux poudrières, dont une seule subsiste (derrière l’Hôtel de Police). L’heureuse réalisation de ces poudrières fut l’une de ses satisfactions, lors de son deuxième passage à Grenoble, en 1700, alors qu’il tentait de faire aboutir son projet.

L’ingénieur de Louis XIV, qui tendit sa « ceinture de fer » au nord-est de la France, est à l’origine de la construction ou du renouvellement de très nombreuses places fortes en France.

Plan de Grenoble- projet de Vauban, 1747
Service Historique de l’armée de terre, Vincennes

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Poudrière de Vauban -Grenoble

Sa célébrité et sa réputation sont telles que certains, pensent encore aujourd’hui, que les Grenoblois lui doivent « leur » Bastille, ce qui est faux !

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Réelles fortifications faites par Vauban
copyright /www.montdauphin-vauban.fr

Ressources

« La Bastille de Grenoble et son téléphérique » Marc Fennolli et Béatrice Metenier, 2006
« La Bastille et les fortifications de Grenoble » Robert Bornecque, 1986

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Acte 1 – Avant la Bastille, il y avait déjà une Bastille !

Le Fort de la Bastille tel qu’on peut le voir aujourd’hui, date du 19e siècle. Mais Saviez-vous que ce n’est pas le premier fort à avoir vu le jour sur la colline ?

Son nom « Bastille » lui vient, en effet, d’une fortification bien plus ancienne qui fut édifiée au même endroit par le Duc de Lesdiguières en 1591. Le mot « bastille », utilisé par Lesdiguières pour qualifier la redoute qu’il venait de construire, est l’appellation que l’on donnait à l’époque en ancien français aux ouvrages fortifiés isolés.

Les prémices de la Bastille actuelle

A l’origine, il n’y avait qu’un seul bâtiment sur la colline du Rachais : la maison forte du Rabot. Construite au XVème siècle, elle permettait la surveillance de la vallée de l’Isère et contrôlait les passages sur la route de Vienne.

Mais dès la fin du XVIe siècle, l’histoire va s’accélérer. Les progrès réalisés par l’artillerie sont tels que de nombreuses fortifications en Europe deviennent désuètes, et voient leur fonction de protection réduite à néant. Elles doivent être renforcées et, pour certaines, reconstruites en des points plus stratégiques tant pour parer la progression des ennemis que pour offrir moins de prises à ses projectiles. L’enceinte bastionnée naîtra ainsi de cette nécessité d’adaptation.

A Grenoble, c’est François de Lesdiguières qui, après avoir pris la ville en 1590, décide d’édifier en 1591 sur le versant du Rachais un ouvrage nommé « bastille ».

Une redoute constituée d’une tour et d’une petite enveloppe bastionnée est bâtie au sommet du Mont Rachais, tandis que deux branches de fortifications descendent de part et d’autre pour rejoindre l’Isère. Les murs sont peu épais et non terrassés, suivant au mieux les formes du terrain et les bancs rocheux. L’extrémité sud de ses deux branches sont reliées à deux nouvelles portes qui bordent l’Isère :

  • À l’est, la Porte Saint-Laurent ouvre le passage de la route de Chambéry vers la Savoie italienne et vers Genève.
  • À l’ouest, se trouve la Porte de France, achevée en 1620, entrée majestueuse de la ville par laquelle devait passer le Roi de France.

Lesdiguières a souhaité que ce soit le ressaut du Rachais qui soit couronné par cette redoute car lui-même avait pris Grenoble depuis la montagne et qu’il savait donc qu’elle était le point faible de sa défense !

Plan de l’enceinte Lesdiguières vers 1630.A
Anonyme italien, collection archives municipales de Grenoble

Grenoble, une place frontière ;

Pendant près d’un demi-siècle, les guerres de Religion, qui opposent huguenots et catholiques, vont ensanglanter la France. Au cours de la huitième et dernière, à l’issue de laquelle Henri de Navarre accédera au trône de France (1594), l’un de ses plus fidèles lieutenants, François de Bonne, prendra en décembre 1590 la ville de Grenoble alors dominée par le camp catholique. C’est depuis les hauteurs de la rive droite de l’Isère que ce dernier conduira le siège. Posées contre la pente du Rachais, ses batteries de canons tiendront pendant un mois la ville sous leur feu avant qu’elle ne se rende.

Alors que l’on considérait les contreforts rocheux de la Chartreuse comme une barrière naturelle suffisante pour décourager l’avancée de troupes hostiles depuis le nord, le passage par la montagne, était en fait le point faible de la défense de la ville.

Les vestiges de Lesdiguières

De la Bastille de Lesdiguières, il ne reste aujourd’hui pratiquement aucun vestige hormis les deux échauguettes de la branche ouest qui ont été conservées sur la fortification actuelle et les deux portes construites à l’époque : la Porte de France et la Porte Saint-Laurent.

Échauguette
© RTGB

Porte de France
© Photographie de L.Pons, AV

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Porte Saint-Laurent
© Photographie de Sylvain Frappat, VdG

Ressources

« La Bastille de Grenoble et son téléphérique » Marc Fennolli et Béatrice Metenier, 2006
« La Bastille et les fortifications de Grenoble » Robert Bornecque, 1986

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