Connaissez-vous vraiment toute l’histoire de la Bastille ?
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Acte 1 – Avant la Bastille, il y avait déjà une Bastille !
Le Fort de la Bastille tel qu’on peut le voir aujourd’hui, date du 19e siècle. Mais Saviez-vous que ce n’est pas le premier fort à avoir vu le jour sur la colline ?
Son nom « Bastille » lui vient, en effet, d’une fortification bien plus ancienne qui fut édifiée au même endroit par le Duc de Lesdiguières en 1591. Le mot « bastille », utilisé par Lesdiguières pour qualifier la redoute qu’il venait de construire, est l’appellation que l’on donnait à l’époque en ancien français aux ouvrages fortifiés isolés.
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Les prémices de la Bastille actuelle ;
A l’origine, il n’y avait qu’un seul bâtiment sur la colline du Rachais : la maison forte du Rabot. Construite au XVème siècle, elle permettait la surveillance de la vallée de l’Isère et contrôlait les passages sur la route de Vienne.
Mais dès la fin du XVIe siècle, l’histoire va s’accélérer. Les progrès réalisés par l’artillerie sont tels que de nombreuses fortifications en Europe deviennent désuètes, et voient leur fonction de protection réduite à néant. Elles doivent être renforcées et, pour certaines, reconstruites en des points plus stratégiques tant pour parer la progression des ennemis que pour offrir moins de prises à ses projectiles. L’enceinte bastionnée naîtra ainsi de cette nécessité d’adaptation.
A Grenoble, c’est François de Lesdiguières qui, après avoir pris la ville en 1590, décide d’édifier en 1591 sur le versant du Rachais un ouvrage nommé « bastille ».
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Une redoute constituée d’une tour et d’une petite enveloppe bastionnée est bâtie au sommet du Mont Rachais, tandis que deux branches de fortifications descendent de part et d’autre pour rejoindre l’Isère. Les murs sont peu épais et non terrassés, suivant au mieux les formes du terrain et les bancs rocheux. L’extrémité sud de ses deux branches sont reliées à deux nouvelles portes qui bordent l’Isère :
- À l’est, la Porte Saint-Laurent ouvre le passage de la route de Chambéry vers la Savoie italienne et vers Genève.
- À l’ouest, se trouve la Porte de France, achevée en 1620, entrée majestueuse de la ville par laquelle devait passer le Roi de France.
Lesdiguières a souhaité que ce soit le ressaut du Rachais qui soit couronné par cette redoute car lui-même avait pris Grenoble depuis la montagne et qu’il savait donc qu’elle était le point faible de sa défense !
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Plan de l’enceinte Lesdiguières vers 1630.A
Anonyme italien, collection archives municipales de Grenoble
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Grenoble, une place frontière ;
Pendant près d’un demi-siècle, les guerres de Religion, qui opposent huguenots et catholiques, vont ensanglanter la France. Au cours de la huitième et dernière, à l’issue de laquelle Henri de Navarre accédera au trône de France (1594), l’un de ses plus fidèles lieutenants, François de Bonne, prendra en décembre 1590 la ville de Grenoble alors dominée par le camp catholique. C’est depuis les hauteurs de la rive droite de l’Isère que ce dernier conduira le siège. Posées contre la pente du Rachais, ses batteries de canons tiendront pendant un mois la ville sous leur feu avant qu’elle ne se rende.
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Alors que l’on considérait les contreforts rocheux de la Chartreuse comme une barrière naturelle suffisante pour décourager l’avancée de troupes hostiles depuis le nord, le passage par la montagne, était en fait le point faible de la défense de la ville.
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Les vestiges de Lesdiguières ;
De la Bastille de Lesdiguières, il ne reste aujourd’hui pratiquement aucun vestige hormis les deux échauguettes de la branche ouest qui ont été conservées sur la fortification actuelle et les deux portes construites à l’époque : la Porte de France et la Porte Saint-Laurent.
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Échauguette
© RTGB -
Porte de France
© Photographie de L.Pons, AV -
Porte Saint-Laurent
© Photographie de Sylvain Frappat, VdG
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Ressources
« La Bastille de Grenoble et son téléphérique » Marc Fennolli et Béatrice Metenier, 2006
« La Bastille et les fortifications de Grenoble » Robert Bornecque, 1986
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