Anecdotes 90 ans – Contexte et naissance du téléphérique

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  • Dans l’article de blog du mois, découvrez à travers les anecdotes 10 à 14 les prémices du projet et les têtes pensantes à l’origine du téléphérique de Grenoble. On les surnomme les trois Mousquetaires, ou les 3M : Paul Michoud, Paul Mistral et Léon Martin.

    Ils souhaitaient offrir aux grenoblois une nouvelle promenade après le travail, et permettre à la capitale des Alpes de bénéficier d’un attrait touristique supplémentaire. Pari réussi !

La Reine des Alpes, le Grimpe Montagne et la cure d’air

En 1905, Grenoble communique en s’autoproclamant Reine des Alpes. Oui, mais la promesse est mal tenue et les touristes regrettent de peu profiter du paysage. Il faut dire que l’« unique et prodigieux panorama » annoncé par la publicité du syndicat d’initiative n’est accessible que depuis le Jardin des Dauphins ! On envisage donc la construction d’une remontée mécanique pour emmener tous ces visiteurs au sommet du mont Jalla. Mais on ne pense pas encore à un téléphérique, un funiculaire semble plus adapté.

  • Esquisse du projet de funiculaire daté 23 mars 1905
    Revol & Chevrier Architectes.
    A. Dournon Expert.
  • Carte publicitaire du syndicat d’initiative de Grenoble, années 1910.
  • 20 ans plus tard, en 1925, le projet court toujours et l’exposition internationale de la houille blanche et du tourisme voit naître l’idée du « Grimpe Montagne ». C’est le premier projet grenoblois sérieux de remontée mécanique destiné à emporter les touristes au sommet du mont Jalla, dont le principe est de suspendre les voitures sous les rails en proposant un funiculaire suspendu.

    Tout est presque dit dans son nom, le Grimpe Montagne. On veut très clairement proposer aux visiteurs un accès facilité à la montagne et à ses paysages. Mais surtout, la gare de départ se serait située vers le jardin des Dauphins, soit sur la rive droite de l’Isère et le plus proche possible du centre-ville. Ainsi, en quelques minutes seulement, les vacanciers à Grenoble, quasiment cueillis sur le perron de leur hôtel, auraient pu sans effort vivre l’expérience montagnarde. D’ailleurs les promoteurs du projet développent allègrement la question hôtelière en proposant la création d’un grand hôtel à proximité de la gare de départ et deux autres hôtels de « cure d’air », l’un dans le fort de la Bastille et l’autre au sommet.

Notons pour finir qu’en 1905 comme en 1925, le fort de la Bastille n’aurait été qu’une gare intermédiaire vers le mont Jalla et que l’on envisageait même un prolongement vers le monastère de la Grande Chartreuse.

Finalement, notre téléphérique est bien l’héritier de ces envies en proposant un départ depuis le jardin de ville et un restaurant dans les casemates du fort et cela dès le premier jour d’ouverture en 1934.

Paul Michoud

  • Paul Michoud est le vice-président de la Chambre d’Industrie Touristique (CIT) de Grenoble (sorte d’ancêtre de l’Office du Tourisme). Il est l’initiateur du projet et fera réaliser les premières études de faisabilités. L’idée d’un funiculaire est alors abandonnée au bénéfice d’un téléphérique dont la gare d’arrivée sera dans le fort de la Bastille.

    Peut-être pourrait-on dater l’acte de naissance administratif du téléphérique au 21 octobre 1929. C’est en effet ce jour, lors d’une réunion de la CIT, que Paul Michoud présente le projet avec moults arguments techniques et économiques.

Paul Mistral

  • Paul Mistral est le maire de Grenoble depuis 1919. On lui doit la forme de la ville telle qu’on la connaît aujourd’hui. Les quartiers Jean Macé, Bajatière, Capuche et Rondeau sortent de terre sous son mandat. Il apportera un soutien sans faille au projet de téléphérique : « la Bastille (…) donnerait à la ville une promenade de toute beauté où, après le travail, notre population laborieuse (…) pourrait aller respirer l’air pur et jouir d’un panorama incomparable ». Cette parole nous semble remarquable car elle marque l’intérêt de Paul Mistral pour construire un téléphérique, certes touristique, mais aussi à usage local, voire social.

    Hélas, décédant prématurément en 1932, il ne verra jamais que des esquisses et des dessins du téléphérique.

Léon Martin

  • Suite au décès brutal de Paul Mistral, Léon Martin est élu maire de Grenoble et poursuivra avec énergie et conviction la politique de socialisme municipal de son prédécesseur. Apportant tout le soutien nécessaire pour faire aboutir le projet de téléphérique, il n’oubliera pas, lors de la séance inaugurale du 29 septembre 1934, de se féliciter dans son discours que « la construction du téléphérique ait permis d’aider à la lutte contre le chômage. »

Dans le rôle de d’Artagnan : Gaston Riondel

Gaston Riondel est le quatrième des mousquetaires. Lorsqu’à la demande de Paul Michoud (vice-président de la Chambre d’Industrie Touristique), il vient à Grenoble pour étudier la faisabilité d’un téléphérique, il s’enthousiasme et propose de réaliser gratuitement l’avant-projet. Il faut reconnaître que la petite montagne de la Bastille ne doit pas trop l’impressionner puisqu’il est l’ingénieur du téléphérique de l’Aiguille du Midi.

Le timing est impressionnant : 10 octobre 1929, Paul Michoud entre en contact avec Gaston Riondel. Celui-ci vient à Grenoble les samedi 19 et dimanche 20 octobre pour évaluer la faisabilité du projet. Le lendemain (21 octobre) Paul Michoud a tous les arguments pour convaincre les administrateurs de la CIT de voter 1500 frs de budget supplémentaire pour pousser activement l’étude. Enfin, le 07 janvier 1930, un projet, développé en collaboration avec André Rebuffel, est déposé sur le bureau de Paul Michoud. Cette première esquisse sérieuse permettra d’élaborer l’appel d’offre du 08 février 1933. Ironie de l’histoire, l’équipe Riondel et Rebuffel ne remportera pas le marché, leur projet n’apportant pas suffisamment de garantie de sécurité. Ils réclameront une indemnité de 10 500 pour les études et avant-projets fournis. Ils en obtiendront finalement 5000 frs votés à l’unanimité des membres de la CIT.

  • Esquisse du premier tracé réalisé par Riondel et Rebuffel en 1930.
    La gare de départ de départ est située au jardin des Dauphins.
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