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Connaissez-vous vraiment toute l’histoire de la Bastille ? Acte 5

9 juin 2021
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Connaissez-vous vraiment toute l’histoire de la Bastille ?

Acte 5 – La Bastille n’a jamais eu à se défendre !

10 ans seulement après la fin de sa construction, la Bastille est déjà obsolète. Une nouvelle couronne de défense, plus éloignée de la ville et comprenant plusieurs forts, est du coup édifiée dès 1873.  Ainsi protégée, le Fort de la Bastille, n’aura jamais été attaqué, d’où l’état de conservation remarquable encore aujourd’hui. Démuni de ses garnisons dès 1940, le site est transféré progressivement à la Ville de Grenoble et à l’Education Nationale. Grâce à l’installation du téléphérique en 1934, le Fort devient peu à peu un lieu de promenade prisé de tous grâce à son point de vue exceptionnel sur la Ville de Grenoble et les massifs alentours.

Une nouvelle couronne de défense pour protéger la ville

25 ans de travaux auront été nécessaires pour ériger la Bastille telle que nous la voyons aujourd’hui. Alors que les travaux s’achèvent en 1847, à peine 10 ans plus tard, le système de défense se voit déjà dépassé par les progrès de l’artillerie. La portée des obus et leur précision se sont considérablement améliorées en passant jusqu’à 8 km ! La Bastille est bien trop près de la ville et ne sert donc plus à sa défense.

C’est toutefois seulement après la défaite de 1871, et la perte de l’Alsace-Lorraine, que la France se dote de nouvelles défenses. Les canons Krupp de l’armée allemande, fondus dans l’acier, sont redoutables. La France doit aussi s’équiper. Il faut repenser la défense des villes et des places fortes et, en particulier, des places exposées le long du tracé des frontières.

Fort Bastille Grenoble Article

Le Général Séré de Rivière

L’Italie unifiée, proche de l’Allemagne et de l’Autriche, constitue une menace.  Grenoble est certes éloignée de la ligne frontière depuis le rattachement de la Savoie à la France par le référendum de 1860, mais la ville est le quartier général de l’armée des Alpes ; il lui faut donc, comme par le passé, pouvoir défendre sa position et disposer des ressources militaires pour mener des offensives.

C’est ainsi qu’entre 1873 et 1886, sous la direction du général Séré de Rivières, le colonel du génie Cosseron de Villenoisy a la responsabilité de la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie de défense pour Grenoble : celle du « rideau défensif » avec la construction d’une couronne de six forts détachés autour de la ville, sur les hauteurs et à une distance de 6 kilomètres.

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Le fort du Saint-Eynard, contrôle l’angle de la vallée de la Chartreuse et de la vallée de l’Isère à 1300 mètres d’altitude. Le fort du Bourcet situé en dessous des falaises du Saint-Eynard, dans la vallée, fait face au fort du Mûrier placé sur une colline de l’autre côté de la rivière Isère : ils peuvent croiser leurs feux. Le fort des Quatre-Seigneurs, plus haut en altitude, sur la même rive, peut soutenir le fort du Mûrier et défendre l’étroit vallon d’Uriage. De l’autre côté de la ville, de part et d’autre du Drac, les forts de Montavie et de Comboire défendent l’accès depuis le sud.

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Fort du Saint Eynard

C’est ainsi que le Fort de la Bastille, entouré de ses six sentinelles, n’aura jamais été attaqué, d’où l’état de conservation remarquable encore aujourd’hui. Il aura tout de même connu l’épreuve du feu en 1944, durant la Seconde Guerre Mondiale

Le XXe siècle et la fin des fortifications bastionnées,

Avec l’arrivée du XXe siècle et ses deux guerres mondiales, des artilleries plus lourdes et des moyens aériens sont développés rendant définitivement inutile la construction de nouveaux remparts et bastions. Les citadelles du XXe siècle sont souterraines et les soldats y sont enterrés avec groupes électrogènes, vivres et munitions. Elles ne sont pas visibles depuis la surface hormis une construction basse faite de béton armé et d’un bouclier d’acier. Ensembles, elles forment la ligne Maginot dans le nord-est de la France et dans les Alpes.

A Grenoble, les traces des fortifications passées, ont pour l’essentiel aujourd’hui disparues, renversées ou absorbées par le développement urbain.  La Bastille, elle, demeure, sur son terrain escarpé du mont Rachais en sentinelle. En regardant bien, on trouve encore aujourd’hui quelques traces du passé, figées dans la pierre, qui témoignent du passé militaire de la forteresse :

  • L’inscription sur le portail monumental de la citadelle du Rabot « ne périsse pas dans l’âme des générations futures » nous rappelle la présence en ces lieux, des troupes du 12e bataillon et 11e Régiment d’artillerie à pied, de 1884 à 1919.
  • Le Mémorial des Troupes de Montagne, Sur le mont Jalla, au-dessus du glacis de la Bastille, établi à la mémoire des 150 000 soldats du corps des troupes de montagne tombés pour la France depuis sa création en 1888.
  • Une stèle, encore, plus bas, dédiée au lieutenant de Quinsonnas rappelle l’attaque de la Bastille par la Résistance en juillet 1944.

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Mémorial des Troupes de montagne, Mont Jalla.

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Carte postale postée en 1916 «  Vue générale prise du Fort »

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« Alpins en marche sur le plateau de la Bastille » 1938.

Grâce à l’installation du téléphérique en 1934, le Fort de la Bastille deviendra peu à peu un lieu de promenade prisé par tous les dauphinois, puis, par la suite, le site touristique majeur que nous connaissons aujourd’hui.

Ressources

« La Bastille de Grenoble et son téléphérique » Marc Fennolli et Béatrice Metenier, 2006
« La Bastille et les fortifications de Grenoble » Robert Bornecque, 1986

 

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Connaissez-vous vraiment toute l’histoire de la Bastille ? Acte 4

2 juin 2021
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Acte 4 – Une Bastille invisible !

Le Fort de la Bastille a été construit entre 1823 et 1848 par le Général Haxo, pour parer une attaque qui proviendrait de la Chartreuse. Son système de défense a donc été pensé pour être entièrement invisible à l’ennemi qui arriverait par le haut du massif, ou par ses versants.  La montagne a été creusée, les éléments défensifs enterrés sous terre, ou collés au relief.

Lorsque l’on regarde le Fort de la Bastille depuis le centre-ville de Grenoble, on ne voit en fait que le « dos » du système de défense !

Un système de défense tourné vers la Chartreuse

En 1817, l’alliance austro-sarde domine les Alpes et construit la barrière de l’Esseillon, dirigée contre la France. Grenoble devient alors une place de première ligne, qu’il convient de protéger par une forteresse adaptée.

Le projet définitif fut approuvé en 1823, après discussion entre les officiers du Génie de la place de Grenoble et le Comité des Fortifications parisien.

Le plan, relativement simple, permet à la fois de compléter les défenses de la ville et de disposer d’une position de repli où s’enfermer en cas d’attaque.

La Bastille se divise ainsi en deux sous-ensembles, séparés par deux enceintes fortifiées fermées :

  • le donjon situé dans la partie supérieure, dont la fonction principale est la surveillance et la défense de la ville,

  • la citadelle Rabot dans la partie moyenne occidentale ; lieu de vie des soldats.

plan fortifications grenoble 1851

Projet complet de délimitation du terrain militaire de la place de Grenoble, Génie, Direction de Grenoble, 1851.
© Établissement du Génie de Grenoble

Au sommet est implanté un « donjon », espace clos défensif et poste de surveillance tourné vers la Chartreuse. Il est protégé, côté montagne par un « cavalier casematé » accueillant 17 canons, un fossé et un glacis, et côté aval, par un front bastionné. Ce donjon est également doté d’une caserne, qui abrite aujourd’hui le restaurant du téléphérique, et d’une poudrière. Depuis l’enceinte basse du donjon, un mur à redents descend la pente en écharpe pour enclore la partie ouest de la montagne et constituer la « citadelle Rabot », aujourd’hui résidence universitaire.

Le fossé du donjon est creusé sur le sommet de la montagne du Rachais, il ouvre côté nord sur le glacis, lui aussi aplani par les hommes, pour descendre jusqu’au pied du Mont Jalla, d’où est censé arriver l’assaillant. Cette montagne sera plus tard (1846) percée de grottes dont le passage étroit est relié par un chemin souterrain au donjon ; l’ennemi qui se presse sur le glacis pourrai ainsi être pris à revers. Ces grottes « dites » de Mandrin peuvent aujourd’hui être traversées par les visiteurs de la Bastille, tout comme l’ensemble du système de défense du donjon constituant de nos jours le site touristique de la Bastille.

enceinte donjon bastille

citadelle rabot

La Citadelle Rabot
©CROUS

Dans La citadelle du Rabot sont édifiées ; une caserne élevée sur quatre niveaux pour recevoir 900 hommes, le pavillon des officiers, de capacité moindre, est caractérisé par sa toiture à rebords crénelés, des échauguettes et une poudrière.

Depuis le sommet du donjon, descendent deux branches fortifiées qui utilisent au mieux les accidents du terrain pour renforcer leur puissance. Chacune rejoint les berges de l’Isère où les portes fortifiées, datant de Lesdiguières, donnent accès aux routes de Lyon et de Chambéry.

Sur ces deux branches, on trouve une succession de banquettes de tirs et de galeries de fusillades permettant de protéger les flancs de la colline.

La Bastille est relativement bien conservée et reste le principal ouvrage de défense que la ville ait préservé, après avoir sacrifié la majeure partie de ses remparts, portes et casernes. Elle n’a cependant jamais eu à se défendre, faute d’adversaire… !!!

casemates haxo

Casemates Haxo
©L. Salino

echauguette escaliers bastille

Échauguette et escaliers
©L. Salino

Ressources

« La Bastille de Grenoble et son téléphérique » Marc Fennolli et Béatrice Metenier, 2006
« La Bastille et les fortifications de Grenoble » Robert Bornecque, 1986
Archives de l’Établissement du Génie de Grenoble

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